Une tétée avant la rentrée

Ou pourquoi continuer d’allaiter son enfant quand il rentre à l’école ?


Rappelons d’abord que le besoin de succion d’un enfant disparaît entre 3 et 7 ans selon les enfants[1]. Il est clair qu’avec nos rythmes de vie effrénés, nos emplois du temps bien remplis et un contexte professionnel qui n’est pas toujours compatible avec l’allaitement ou le tire-allaitement, l’âge du sevrage est devenu bien plus précoce.

Ceci étant dit, pour celles qui le souhaitent et qui ont surmonté d’éventuelles difficultés de démarrage de l’allaitement ou de reprise du travail, bien sûr, il est possible de continuer à allaiter son enfant alors qu’il rentre à l’école.

Pourtant, cela fait encore débat et ces enfants allaités à plus de 2 ou 3 ans peuvent être confrontés à des remarques de l’entourage, quand ce n’est pas la maman directement qui y est sujette. On peut comprendre que certaines peuvent vouloir arrêter l’allaitement de leur enfant pour le protéger des moqueries de leurs camarades de classe et préserver des souvenirs heureux. Ces moments précieux à deux doivent rester agréables et non devenir gênants. Il est important de prendre le temps de parler de cet allaitement avec l’enfant (qui est directement concerné), même s’il est encore jeune, cela peut-être une bonne occasion de lui apprendre que si on veut quelque chose, on peut continuer à le faire même si cela déplaît aux autres, tant que cela nous convient à nous. Cela peut aussi être un bon exercice pour celles d’entre nous qui ont du mal à affronter le regard des autres…

Un débat de même nature existe pour les enfants de plus de 2 ans qui ont encore une tétine. En réalité, la thématique est la même : un besoin de succion et d’être rassuré encore présent chez l’enfant. Tout comme certains enfants ne seront pas continents à 3 ans, d’autres auront besoin de téter, d’une tétine, d’un doudou ou de leur pouce alors qu’ils auront pris le chemin de l’école. C’est encore une montagne de nouvelles choses à découvrir et d’apprentissages, dans un lieu rempli de nouvelles têtes inconnues et tout ça sans papa et maman ! Autant de raisons qui peuvent nécessiter à notre petit bout de retrouver le sein de maman, sa tétine ou autre élément rassurant et réconfortant pour lui.

Alors premièrement, que ce soit clair, rien d’anormal, de mauvais, de tardif, de bébé ou autre… juste des enfants qui vivent selon leur rythme et à qui on laisse le temps.

Et maintenant que dire aux remarques que vous pourriez recevoir à ce sujet ? Le côté psy en moi vous dirait que si vous ressentez l’envie de répondre et de vous justifier c’est que cela vient toucher une corde sensible et un point à travailler chez vous, mais je ne suis pas (encore) psychologue et la santé mentale n’est pas le sujet. Si cela peut vous soulager ou rassurer, il y a pourtant des éléments (faits) à redire, à commencer par le fait que l’âge naturel auquel les enfants cessent de téter se situe entre 2 et 6 ans.

D’après une citation d’un article de Grandir autrement : « les enfants des premiers Homo étaient allaités dans des proportions significatives jusqu’ à environ trois ou quatre ans, ce qui a probablement joué un rôle dans l’apparition de traits spécifiques à la lignée humaine, tels que le développement du cerveau. » [2]

Cette pratique remonterait donc à nos origines et aurait permis à notre espèce de se développer.

Encore la tétine à 3 ans ?

Si le sevrage naturel se fait entre 2 et 6 ans, il en va de même pour la tétine qui est une reproduction du sein. Alors si certains tètent encore, pourquoi la tétine ferait débat ?

Allaiter un bébé ou un bambin, quelle différence ?

Il faut avoir conscience également que l’allaitement d’un enfant de plus de 2 ans est bien différent d’un allaitement dans la première année de vie de l’enfant. En effet, lors de la première année, le lait reste la source d’alimentation principale de l’enfant. Au-delà de tous les autres bénéfices que cela apporte à l’enfant (être rassuré, s’apaiser, faire un câlin à maman), dans la première année donner le sein reste important pour sa croissance. Plus tard, quand l’allaitement continue mais que le lait n’est plus la source d’alimentation principale, ce sont les autres avantages qui priment : être apaisé, rassuré, contre maman, recevoir les hormones qui aident à dormir, etc. Sans oublier le renforcement du système immunitaire, non négligeable dans le lieu propice à la propagation de microbes qu’est l’école réunissant des enfants qui préfèrent s’amuser à mettre les mains dans la bouche des autres plutôt que de respecter les gestes barrières. L’enfant grandissant, le rythme des tétées s’espacera davantage et à partir de deux ans, on pourra également poser des limites et refuser de donner le sein à certains moments (si cela convient à la maman et de préférence, avec une explication). Les tétées se font donc plus rares et peuvent parfois s’espacer de plusieurs jours ou être limitées à la tétée du soir. Ainsi, bon nombre de mamans qui continuent d’allaiter après 2 ans le font parfois dans l’ombre (ou la pénombre de la chambre de leur enfant le soir !).

Comme pour tout choix dans la parentalité, l’important est d’être en accord avec soi-même et les besoins de son enfant. Le reste, les autres, n’ont pas leur mot à dire sur vos choix de maternage.

N’oublions pas non plus que le lait produit de l’ocytocine et de la dopamine, hormones du plaisir par excellence, elles apportent satisfaction et apaisement et aident à faire baisser le stress de l’enfant ET de la maman, alors pourquoi s’en priver une veille de rentrée ?

Bonne rentrée à tou.te.s !

Sources :

[1] https://www.lllfrance.org/vous-informer/fonds-documentaire/allaiter-aujourd-hui-extraits/1712-aa-98-allaiter-un-enfant-de-plus-de-3-ans?fbclid=IwAR3J2wNVdR55mzFam0MSfIOKwCp0sge9REDX_8z3zw0C84sKLZ4Qs-U06sI

[2] https://grandirautrement.com/allaitement-long-et-humanisation/

Linka, Bénévole au sein de l’association

Les 7 besoins de l’enfant

En travaillant avec une collègue sur une intervention autour du lien entre le développement psychomoteur des tout-petits et le portage respectueux des besoins et du développement des bébés, nous sommes retombées sur un fondamental parmi les fondamentaux : Les 7 besoins fondamentaux de l’enfant selon Terry Brazelton Il nous a paru précieux de les relire de temps à autre, et surtout de les transmettre en les criant sur tous les toits ! Alors voici un petit résumé à ma manière… Quels sont donc, selon Brazelton, les besoins fondamentaux de l’enfant indispensables à son (bon) développement psychologique ?

1. Le besoin de relations chaleureuses et stables

Tous les travaux le confirment : le bébé, dès la naissance, a besoin d’interactions émotionnelles avec les adultes qui prennent soin de lui. C’est un besoin vital. Le nourrisson établit de façon très précoce une différence entre ses parents et les étrangers ; il a besoin, durant les trois à cinq premières années de sa vie, d’une relation privilégiée avec un adulte « réconfortant principal ». Ainsi le bébé éveillé ne devrait-il pas rester seul et immobile.

2. Le besoin de protection physique, de sécurité et de régulation

Le bébé a besoin que sa ou ses relations privilégiées avec les figures d’attachement principales soit sécurisantes, source de sensations de sécurité et donc soutiens de son auto-régulation.

3. Le besoin d’expériences adaptées aux différences individuelles

Chaque enfant est unique, notamment dans son comportement émotionnel, relationnel et dans ses apprentissages. Ainsi a-t-il besoin d’interactions émotionnelles dynamiques et individualisées, fruit de la collaboration entre sa famille et les éducateurs. L’échec et l’uniformisation ne devraient pas exister dans le quotidien des petits.

4. Le besoin d’expériences adaptées au développement

L’organisation de la vie de l’enfant devrait tenir compte de son évolution et de ses capacités de relation et de communication, de son imagination… L’enfant a besoin que l’environnement et les stimulations qui lui sont proposées correspondent aux différentes étapes de son développement (voilà qui fera certainement l’objet d’un prochain billet) : sécurité intérieure, compétences motrices, communication non verbale, conscience de soi…

5. Le besoin de limites, de structures, et d’attentes

Les apprentissages ne sont possibles quand dans un climat de sécurité et de confiance, à l’égard de l’environnement et des personnes qui l’entourent. L’enfant a besoin d’un cadre cohérent dont tous les adultes autour de l’enfant sont garants. Il a besoin que les limites soient posées et répétées sous la forme d’un accompagnement patient, respectueux de ses possibilités et favorisant l’autodiscipline, au rythme de l’enfant.

6. Le besoin d’une communauté stable et de son soutien, de sa culture

L’enfant a besoin de vivre dans un milieu où il est intégré, accepté, aidé dans ses démarches relationnelles. La langue, le type de civilisation, la culture, la religion… tout participe. De même la famille, les personnes assurant la garde, l’école, les activités périscolaires, personnelles…

7. Le besoin de protection et de préparation de son avenir

La fréquence grandissante des séparations parentales, l’évolution de notre mode de vie et de nos contraintes, le rythme et la moindre disponibilité des parents sont autant de facteurs sources de carence affective chez l’enfant et de privation de ses besoins essentiels. Toutes les relations humaines en pâtissent. Outre les problèmes de démographie, d’alimentation, de santé physique… assurer le bon développement (et donc combler les besoins psychologiques et affectifs) des bébés et jeunes enfants des futures générations devient un enjeu de notre société.

D’après T.B. Brazelton, Professeur de Pédiatrie clinique, Faculté de Médecine de Harvard, fondateur de l’Unité du développement infantile de l’Hôpital des Enfants de Boston S.I. Greenspan, Professeur de Pédiatrie et de Psychiatrie cliniques, Faculté de Médecine, Université George Washington